Je suis frappée de constater à quel point la vulnérabilité a mauvaise presse.
Prenons par exemple la situation actuelle du confinement. J’ai un groupe WhatsApp de parents d’élèves avec qui nous échangeons des informations pratiques sur l’école, les devoirs… J’ai partagé, lors de la deuxième quinzaine de prolongation du confinement, nos difficultés et appréhensions concernant mon enfant démoralisé et triste de ne plus voir ses copains. J’ai terminé le message en demandant des nouvelles des autres familles. D’abord aucun retour, puis un message plein d’ironie, de sarcasme et d’humour noir, dépeignant une famille « idéale » avec des enfants heureux autonomes et indépendants, qui préparent leur petit déjeuné, font leurs devoirs de classe, s’entrainent à leur pratique instrumentale... Et c’est tout, c’était la réponse de cette personne à mon partage. Et là, dans la minute qui a suivi, déferlante de smiley « mort de rire » de certains autres parents.
Si cette réponse à eu pour effet de libérer les parents qui n’ont pas réagi à mon message, elle a peut-être aussi bloqué ceux qui auraient voulu partager leur réalité, car le ton des échanges avait changé et n’était plus à la sincérité.
Non, la vulnérabilité n’a pas bonne presse et on lui préfère souvent l’ironie et les faux semblants.
Mais, de quoi a-t-on peur ? Quel est le problème à partager ses difficultés ? Il ne s’agit pas de se plaindre ou de se complaire dans la situation, mais juste d’oser dire quand ça ne va pas ou quand on n'y arrive pas. Partager, pour se libérer d’un poids, pour assumer ses failles, se sentir moins seul et pour trouver des solutions. Par solidarité aussi, pour faire ce cadeau aux autres personnes qui vivent la même chose que nous.
Je connais bien ce problème de faux semblants dans l’univers de la parentalité, je m’y suis confrontée lors de mon expérience personnelle et de mon spectacle sur le tabou des difficultés maternelles.
Je le retrouve évidemment dans mon milieu professionnel, notamment lors des formations que j’anime. C’est impressionnant le nombre de personnes qui voudraient « contrôler » plutôt que « gérer » leurs émotions ». Le premier est impossible car humain, et le second s’acquiert avec du travail. Le problème n'est pas d'exprimer une émotion, ça prouve juste qu'on est bien humain. Par contre si celle-ci nous perturbe au point de nous faire perdre tous nos moyens, là c'est problématique. Par exemple, je ne pourrai pas vous accompagner à ne plus rougir lorsque vous vous exprimez, par contre je peux vous accompagner à accepter, accueillir et gérer cette émotion afin qu’elle ne vous empêche pas de vous exprimer. Je peux même vous accompagner à en rire, et soyons fous : à en rire avec votre auditoire !
Alors, pour être plus vrais, plus humains et plus forts ; osons la vulnérabilité !
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